Appel du réseau TERRA :
Identité nationale et immigration :
inversons la problématique !
Donnez-lui force, signez cet appel
et faites le signer !
Publiez-le à la Une de votre site, diffusez-le sur
vos listes de discussion...
En ligne : http://terra.rezo.net/article602.html
Les huit personnalités qui viennent de démissionner
du projet de Cité nationale de l’histoire de l’immigration
(CNHI), particulièrement compétentes sur l’histoire
de l’immigration mais aussi de l’antisémitisme,
du racisme et de la xénophobie, en France, ont rappelé avec
raison que la création d’un Ministère associant
dans son intitulé identité nationale et immigration « s’inscrit
dans la trame d’un discours stigmatisant l’immigration
et dans la tradition d’un nationalisme fondé sur
la méfiance et l’hostilité aux étrangers,
dans les moments de crise ». Nous approuvons également
l’Association française des anthropologues lorsqu’elle
rappelle que « lorsque l’État s’empare
du thème de l’identité nationale, c’est
partout une incitation directe au mieux à la xénophobie,
au pire à des violences entre groupes d’origines
différentes. »
L’invention d’un nouveau Ministère n’est
en effet pas un acte neutre mais un acte de gouvernement à forte
portée idéologique. Il institutionnalise un système
de pensée, légitime les discours et les actes qui
s’y réfèrent, tant des fonctionnaires que
des citoyens, et active l’action publique dans un sens
déterminé. De quel système de pensée
procède le positionnement, au plus haut niveau de la hiérarchie
symbolique et administrative de l’Etat, de l’identité nationale
face à l’immigration, mais aussi face à l’intégration
qui concerne tous les étrangers et leurs différences
et face au codéveloppement ainsi officiellement réduit à un
dispositif antimigratoire ?
Par ce cadrage idéologique et par les politiques qui en
résulteront, la création de ce Ministère
va enraciner plus encore dans notre culture politique l’opposition
entre la question nationale et le fait migratoire. Il risque
d’ouvrir une nouvelle page de notre histoire, celle d’un
nationalisme d’Etat et d’une xénophobie de
gouvernement tendant à stigmatiser l’étranger
comme un problème, un risque, voire une menace pour l’intégrité ou
l’identité nationale.
Si, au contraire, la finalité politique de ce gouvernement
et, plus largement, des élites dirigeantes de ce pays,
est de réduire ce risque, il leur incombe alors d’examiner
l’hypothèse d’une problématique inversée
: s’il y a un problème entre l’immigration
et l’identité nationale, il provient de la place
qu’occupe aujourd’hui, au terme d’une évolution
de plusieurs décennies déjà, l’enjeu
national dans les débats politiques. De même que
l’antisémitisme ne résultait pas d’un "problème
juif", la xénophobie qui s’exprime aujourd’hui
ne résulte pas d’un "problème migratoire" mais
d’une montée en puissance des idéologies
xénophobes dans nos cultures politiques.
Nous appelons par la présente l’ensemble des institutions
d’enseignement et de recherche, y compris les professeurs
d’écoles, de collèges et de lycées,
les revues de sciences humaines et sociales, les journalistes
de la presse écrite, de la radio et de la télévision,
les organismes de réflexion affiliés à des
partis politiques, syndicats et associations à assumer
leurs responsabilités intellectuelles dans un tel contexte
historique.
Nous les appelons à ouvrir, organiser et animer systématiquement,
selon des modalités propres à chacun, un vaste
chantier national de recherche, de débat et de réflexion
sur les origines des nationalismes, xénophobies et discriminations
ainsi que sur les causes de leurs réapparitions périodiques
dans l’histoire de l’humanité. Dans les cinq
ans qui viennent il conviendra d’analyser particulièrement
le rôle que peuvent jouer les institutions publiques dans
l’exacerbation de ces phénomènes sociaux.
Le réseau scientifique TERRA
(Travaux Etudes et Recherches sur les Réfugiés
et l’Asile)
http://terra.rezo.net/article602.html
Revenir
au Sommaire