Le coup de l'euphémisme hyperbolique
L'euphémisme hyperbolique peut être considéré comme
la forme la plus raffinée du jésuitisme et de
la langue de bois. Pour masquer la vérité tout
en la disant, l'euphémisme hyperbolique constitue un
outil de premier choix et l'on peut s'y exercer sur des thèmes
insignifiants. Par exemple, si votre mémoire glisse
vers l'incertain, si la soustraction vous devient odieuse,
au lieu
de dire : "J'ai 75 ans", dites que vous êtes
plus près de la quarantaine que de la trentaine. Cette
formule est d'autant plus précieuse qu'elle a le mérite
d'être définitivement vraie dès 36 ans… Le
procédé peut servir dans des contextes très
divers avec des tournures protectrices du style : le moins
qu'on puisse dire…
Un père qui a fait mourir son enfant sous les coups,
pourra admettre qu'il a parfois manqué de douceur. Pour
parler du soutien appuyé de l'épiscopat français
au régime férocement antisémite de VICHY,
tel historien catholique concèdera que certains chrétiens
(car on ne peut contester à un archevêque le statut
de chrétien) ont parfois manqué de discernement face à un gouvernement dont le moins que l'on puisse
dire est qu'il n'a pas toujours été tendre avec
les juifs. Les gens peu informés resteront dans leur
ignorance. Quant à la minorité de gens bien informés,
ils retraduiront automatiquement et se trouveront souvent embarrassés
pour contester. L'euphémisme hyperbolique n'est pas
le contraire de la vérité mais son plus épais
camouflage. Comment contredire ? Qui oserait prétendre
que Vichy fut tendre avec les juifs ou que tous les chrétiens
ont fait preuve de discernement à tout moment ?
De même pour parler de l'horreur interminable du Goulag,
le stalinien - en début de déstalinisation tardive
- reconnaîtra bien volontiers que les dirigeants soviétiques
n'ont pas toujours respecté les droits de l'homme. C'est
le moins qu'on puisse dire! ajoutera-t-il avec une touchante
conviction…
(Extrait de mon essai Longuement
subir puis détruire que
vous pouvez trouver sur ce site)
Depuis la parution de mon livre en 2002,
j'ai eu un plaisir parfois parfois zébré d'exaspération
en croisant de nombreux membres de la tribu des euphémismes
hyperboliques. Par exemple Oskar Gröning, SS qui avait servi à Auschwitz,
déclara paisiblement dans une interview pour le Journal
britannique « The Guardian » (10 Janvier 2005) : « Le
Vainqueur a toujours raison, et nous savions que les choses qui
arrivèrent là [ à Auschwitz ] ne respectaient
pas toujours les droits de l'Homme »
Grand concours
Si vous êtes intéressé(e)
par le coup de l'euphémisme
hyperbolique, je vous invite à participer
au grand concours que j'organise, doté de 30 prix tous
identiques (des exemplaires de mon essai
déjà mentionné). Il s'agit de me faire
parvenir avant le 28
02 09, des exemples intéressants d'euphémismes
hyperboliques soit inventés, soit récoltés
dans les médias
ou la vie courante.
Les meilleurs seront publiés sur le site.
Les heureux gagnants
auront le droit après réception de leur exemplaire, de m'envoyer
2€ en timbres pour participation aux frais d'nvoi (mais ce ne
sera pas une obligation !)
Igor Reitzman
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