De la monolâtrie au monothéisme
:
le mythe de
la Terre Promise
La monolâtrie précéda le
monothéisme
Celles et ceux qui comme moi
ne sont pas historiens, découvrent
dans ce débat que, contrairement à ce que continue
de croire le grand public, les Hébreux ne sont devenus
monothéistes
qu'au 4ème siècle avant Jésus-Christ,
après
avoir connu la monolâtrie, c'est-à-dire un monothéisme
relatif. Dans les monothéismes modernes, le dieu unique
est pensé comme universel. Dans la monolatrie hébraïque
("Un seul dieu tu adoreras"),
il est interdit, sous peine de mort, d'adorer d'autres dieux
que celui des tribus d'Israël. ( interdit sauf pour le roi Salomon )
. Quand, à 8 ans,
dans l'église Saint Gabriel, j'apprends "Un
seul dieu tu adoreras",
je ne réalise pas qu'il y a là un vestige
du temps où les
Hébreux étaient monolâtres. Quand, à 14
ans, au Collège
Saint-Augustin de Mongeron, je découvre le songe d'Athalie,
je ne suis pas troublé en lisant :
"Le
cruel Dieu des Juifs l'emporte aussi sur toi.
Je te plains
de tomber dans ses mains redoutables"
(Racine,
Athalie,acte II, scène 5)
Je ne fais pas non plus le rapprochement entre le Bon Dieu que je dois prier 12 fois par jour et ce cruel Dieu des Juifs...
"Je
reconnais maintenant que l'Éternel est plus grand
que tous les dieux ; car la méchanceté des Égyptiens
est retombée sur eux."
(Exode,
18.11).
C'est ce que déclare Jéthro,
beau-père de Moïse et prêtre de surcroit,
après les divins exploits contre le peuple égyptien,
exploits
connus
sous
l'appellation des Dix
plaies d'Égypte et qui, pour nos sensibilités
du XXIème siècle, relèvent du crime contre l'humanité (On
en
trouvera un bref rappel en annexe).
Un
Dieu national promet à Son Peuple
des terres qu'il nettoiera ethniquement
Ce dieu peut avoir des
dénominations différentes
(le Seigneur, Yahvé, Jehova, l'Eternel, Elohim…)
mais il a une caractéristique essentielle :
il est le dieu d'Israël
et son protecteur, un protecteur tyrannique et vindicatif,
un protecteur souvent absent, qui punit bien plus souvent
qu'il
ne protège, mais qui donne (du moins IL promet) à SON
peuple une Terre immense.
"A
ta postérité,
Je donne ce pays, du Fleuve d'Égypte
jusqu'au
Grand Fleuve, le fleuve d'Euphrate" (Genèse,
15.18)
Ce mythe de la Terre Promise à un
peuple particulier, n'a de consistance que dans la perspective
d'un
dieu non universel, un dieu local promu par un clergé local qui s'assure la soumission
et la dévotion d'une population au moyen
de promesses mirobolantes, assorties d'engagements génocidaires.
Demain (dans trois mille ans) je raserai gratis
cette Terre où coule le lait et le miel
"Lorsque le Seigneur ton
Dieu aura chassé devant toi des nations nombreuses,
le Hittite, le Cananéen,(...), lorsque le Seigneur
ton Dieu te les aura livrées et que tu les auras
battues, tu les voueras totalement à l'interdit
(..) Le Seigneur ton Dieu chassera ces nations devant toi
(..) et jettera sur elles une grande panique jusqu'à ce
qu'elles soient exterminées."
(Deutéronome,
VII- p. 184 dans la Bible de Jérusalem)
Peut-on continuer à croire en
Dieu (Yahvé)
sans le voir
comme le modèle absolu ?
Comme le Déluge, comme Sodome et Gomorrhe, comme les
Dix plaies d'Egypte, ces massacres annoncés font partie
des récits qui ont, depuis de nombreux siècles,
façonné les sensibilités dans les religions
du Livre. Depuis la création de l'Etat d'Israël,
ces récits retrouvent leur valeur de modèles comme
on a pu le voir par exemple à Sabra et Chatila ou plus
récemment à Gaza.
Pour
ceux qui croient en un Dieu universel
comme pour ceux qui croient simplement en l'homme
Terre promise et Peuple
Elu
ne peuvent relever que de la légende..
Igor
Reitzman le 5 10 2009
Annexes
Les dix
plaies d'Égypte selon le récit biblique
1.Les eaux du fleuve changées en sang : "... Le
Nil fut nauséabond, et les Égyptiens ne purent
boire des eaux depuis le fleuve... " (Exode 7:14-25)
2.Les grenouilles : "... les grenouilles montèrent et recouvrirent
l’Égypte ..." (Exode 8:1-25)
3.Les moustiques : "... toute la poussière du sol se changea en
moustiques... " (Exode 8:16-19)
4.Les mouches : "... des taons en grand nombre entrèrent […]
dans tout le pays d’Égypte ..." (Exode 8:20-32)
5.La mort des troupeaux : "... tous les troupeaux des égyptiens
moururent ..." (Exode 9:1-7)
6.Les ulcères : "... gens et bêtes furent couverts d’ulcères
bourgeonnant en pustules ..." (Exode 9:8-12)
7.La grêle : "... Yahvé fit tomber la grêle sur le
pays d’Égypte ..." (Exode 9:13-35)
8.Les sauterelles : "... Elles couvrirent la surface de toute la terre
et la terre fut dans l'obscurité ; elles dévorèrent toutes
les plantes de la terre et tous les fruits des arbres, tout ce que la grêle
avait laissé et il ne resta aucune verdure aux arbres ni aux plantes
des champs dans tout le pays d'Égypte ..." (Exode 10:13-14,19)
9.Les ténèbres : "... il y eut d’épaisses ténèbres
..." (Exode 10:21-29)
10.La mort des premiers-nés : "...Au milieu de la nuit, l'Éternel
frappa tous les premiers-nés dans le pays d'Égypte, depuis le
premier-né de Pharaon assis sur son trône, jusqu'au premier-né du
captif dans sa prison, et jusqu'à tous les premiers-nés des animaux." (Exode
12:29-36)
C'est certainement pour les premiers-nés
des animaux, que l'exploit fut le plus méritoire, puisque tous
les troupeaux avaient déjà péri
***********************
Vous pouvez écouter ici l'émission Du
grain à moudre diffusée
le 14 avril 2009 sur France-Culture sous le titre
""Les
religions monothéistes
sont-elles
plus violentes que les autres ?"
.
Quelques informations sur
l'émission de France-Culture
L'émission réunissait autour de
Julie Clarini et Brice Couturier
- Jean-Louis Schlegel. Philosophe, Editeur, écrivain
(La Loi de Dieu contre la liberté des hommes. Intégrismes
et fondamentalismes,
Seuil - octobre 2003)
- Abdelwahab Meddeb. Producteur à France Culture de « Cultures
d'Islam » et
Professeur de Littérature Comparée à Paris X (Sortir de la malédiction : l'islam entre civilisation et barbarie,
Le Seuil. Collection La couleur des idées - 17 janvier 2008)
Jean Soler, ancien diplomate culturel, historien
(La violence monothéiste -
Aux origines du Dieu unique,, éditions de Fallois - janvier 2009)
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