La vertueuse réprobation
du pédophile et de l'archevêque
Un exemple concret de violance symbolique
Une fillette de 9 ans était violée
depuis 3 ans par son beau-père. Enceinte de jumeaux,
elle est conduite à l'hôpital
par sa mère et l'équipe médicale
pratique un avortement pour sauver la fillette.
Approuvé à Rome par le cardinal
Re, président
de la Commission pontificale pour l’Amérique latine,
l’archevêque de Recife vient d'excommunier la mère
et l'équipe médicale.
De nos jours, dans
les sociétés
les plus pauvres, les chefs religieux disposent encore d'un
pouvoir
de
violance
symbolique important, et ils s'en servent pour imposer à tous,
leurs valeurs les plus rétrogrades. Quand ils interdisent à une
mère brésilienne de sauver la vie de son
enfant, tout se passe comme si un clergé spectaculairement
rétrograde
voulait montrer au monde entier qu'en matière de
violance majeure, les grandes institutions peuvent rivaliser
sans complexe
avec le beau-père le plus sinistrement pervers.
Tout se passe comme si l'évêque - père
bspirituel - disait à son tour à la
fillette :
"
Ton ventre m'appartient. C'est à moi
de
décider
de ce qui doit s'y produire"...
Le pédophile et l'archevêque
condamnent l'avortement de
la fillette
L’archevêque n'excommunie
pas le beau-père
pédophile
et note avec satisfaction qu’il "était contre l’avortement." :
Certes, observe-t-il, "ce qu’il a fait est horrible, mais
il y a tant de péchés graves, et le plus grave est l’élimination
d’une vie innocente ." Cette déclaration nous éclaire
un peu plus sur la hiérarchie des valeurs et des fautes dans l'Eglise
catholique en ce début de XXIème siècle. Supprimer
un foetus, pour ces gens, c'est un crime. Mais violer une petite fille
pendant des années et ainsi la mutiler pychiquement, ce n'est qu'un péché
grave parmi tant d'autres.
Dans sa plaidoirie, l’archevêque aurait pu – pour
complaire à Sa
Sainteté le pape Benoit XVI - souligner que le violeur, en bon catholique
avait prouvé qu'il n'utilise pas de préservatif quand il viole
des enfants. Tous deux, l’archevêque et le pédophile,
tenaient à ce
que ces deux fœtus deviennent des enfants. Ils étaient prêts,
pour cela, à assumer la mort de la fillette qui sans doute, aux yeux
de l'archevêque, n'était plus innocente puisqu'elle avait été violée.
Qui aurait élevé les
jumeaux ? Le pédophile bien sûr, à condition
que la justice brésilienne soit aussi indulgente que le noble prélat.
Celui-là perdait une proie, mais en retrouvait deux, celui-ci perdait
une brebis mais en retrouvait deux, et peut-être, qui sait, deux
enfants de chœur. La grande indulgence manifestée par les princes
de l'Eglise romaine pour ce beau-père criminel, permet de mieux
comprendre la durable protection qu'elle continue d'accorder aux prêtres
qui font un grave contresens sur la parole du Christ "Laissez venir à moi
les petits enfants."
Quel
est le
péché mortel
le
plus grave aujourd'hui
?
Si l'on vous proposait de dire quelle est, selon vous,
la faute qu'un Dieu juste et bon punira le plus sévèrement, à quoi
penseriez-vous spontanément ? A la torture persévérante
d'êtres
sans défense ? Aux viols répétés d'une petite
fille ? Si vous cherchez dans ces directions, c'est que vous ne comprenez
rien à la religion !
Et pour votre pénitence, vous direz
un Notre
père, un seul. Et vous pourrez vous arrêter sur
la formule la plus importante : Que Votre Volonté soit
faite sur la Terre comme au Ciel. Pour le croyant, cet impératif
implique soumission à la Volonté de Dieu.
Et pour celui qui n'a pas la chance de recevoir ses instructions
directement (du Créateur au pauvre pécheur), il peut
écouter la parole du prêtre "supposé savoir" ce
que pense la Divinité et qui accepte généreusement
de partager ce précieux savoir avec les simples mortels.
Le péché le plus grave, pour le pape et pour l’archevêque,
c'est l'avortement, l'avortement qui ose s'opposer à l'ordre
divin "Croissez
et multipliez-vous."
Et derrière cette rébellion, une autre
plus fondamentale :
Décider soi-même de sa mort, choisir d'avoir ou non un
enfant maintenant, c'est sortir de la soumission. Aux yeux des Princes
de l'Eglise, le modèle évangélique est toujours valable : Il y a le
bon pasteur et le troupeau. Le pasteur sait ce qui est bon pour ses
ouailles et si une brebis s'écarte du troupeau, il enverra le chien...
La contraception est "intrinsèquement
mauvaise"
La contraception est, elle
aussi, rejetée
par l'Eglise qui la présente comme "une
grave violation du 5ème
commandement de Dieu" ("Tu ne tueras point").
«
Est intrinsèquement mauvaise toute action qui, soit en
prévision de l'acte conjugal, soit dans son déroulement,
soit dans le développement de ses conséquences
naturelles, se proposerait comme but ou comme moyen de rendre
impossible la procréation » (Catéchisme
de l'Eglise Catholique, Cerf, 1999- verset 2370)
Pourtant, il est probable
que Rome évitera
d'aller jusqu'à l'excommunication
pour ce motif. Le Vatican sait, mieux que personne, l'effet
désastreux
de la condamnation de toute contraception par Pie XI en 1930
dans son encyclique Casti connubii … Beaucoup
de catholiques ont pris leurs distances face à une
Institution de culpabilisation qui interdit aux couples chrétiens
toute contraception autre que la continence, ouvrant ainsi
sur d'immenses souffrances
pour les plus scrupuleux. Il faut lire à ce sujet,
le remarquable ouvrage de Martine Sevegrand, L'amour
en toutes lettres – Questions à l'abbé Viollet
sur la sexualité (1924-1943), Albin Michel Histoire,
1996).
"L’Église a toujours
défendu
la vie"
"L’Église a toujours
défendu
la vie" déclare
avec aplomb le cardinal romain. Cette affirmation plaira
surtout au sein des populations analphabètes. Pour les
catholiques informés, ce sera une nouvelle couleuvre à avaler,
après celle de l'évêque négationniste.
Sans même rappeler les Croisades, la Crémation
des sorcières, les guerres de religion, l'infatigable
complaisance des aumôniers militaires et le rôle
de l'Eglise dans le très catholique Rwanda, qui
peut oublier la discrétion
du Vatican face aux crimes du nazisme. Plusieurs
dizaines de millions de morts. Mais Hitler n'a jamais été excommunié (pas
plus que Franco, Mussolini ou Pinochet) et Mein kampf
ne fut jamais mis à l'Index.
La chasteté ou
un sida meurtrier
pour les pauvres du Tiers Monde
"L’Église
a toujours défendu
la vie" dit
le cardinal romain. Et le Saint Père confirme la mise à l'Index
du préservatif, un geste stupide et gravissime
car il condamne des millions de catholiques notamment
en Afrique noire
et
en Amérique
latine (les plus soumis, les plus impressionnés
par la tiare, la mitre et la soutane) à devoir
choisir entre une héroïque chasteté et
la probabilité croissante
d'un sida qui souvent ne pourra pas être soigné faute
d'argent.
S'il n'est pas dans un délire de
toute-puissance, le pape sait bien que dans les foules qui l'acclament,
le renoncement au préservatif sera bien plus
observé que l'appel à une
chasteté définitive pour ceux qui sont
déjà malades
ou unis à une personne déjà atteinte.
Si les 150 millions de catholiques africains se soumettent
aux injonctions
pontificales, on devrait assister dans certaines
régions à une
baisse de l'espérance de vie et/ou à un
recul de la natalité.
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