Les incohérences de M. Sarkozy
Travailler plus pour gagner plus
Si le milieu compte pour du beurre, pour pouvoir en mettre sur les tartines,
les parents seront heureux de travailler 50 ou 60 heures par semaine, et les
grands-parents poursuivront leur activité jusqu'à 70 ans. Qu'il
n'y ait pas d'adulte pour accueillir l'enfant au retour de l'école compte
peu si ça permet de gagner plus. Gagner de l'argent pour l'ancien ministre
des finances de M. Raffarin, c'est très important !
M. Sarkozy est cohérent quand il veut que les salariés travaillent
plus (intensifier les rendements), plus longtemps (60 heures plutôt que
35), plus tard (70 ans plutôt que 60). Sans doute regrette-t-il comme beaucoup
de nostalgiques de la France d'autrefois, ce XIXème siècle dans
lequel un patronat de droit divin proposait aux ouvriers et à leurs enfants
des journées de 15 heures. Quel plus magnifique exemple peut-on proposer
aujourd'hui à la jeunesse de ce pays, tentée par la paresse !
M. Sarkozy a résolu
le problème des retraites :
Il suffit de rapprocher l'âge du décès
de l'âge de la retraite.
M. Sarkozy et ses amis du MEDEF vont reculer progressivement l'âge légal
de départ à la retraite pour le faire coïncider avec l'espérance
de vie des plus pauvres qui sont aussi les plus nombreux. Une telle réforme
complètera ingénieusement l'allongement de la durée du
travail . Plus de retraite à verser à ces braves gens qui auront
le bon goût de quitter le banquet au moment de s'y asseoir. Bismark,
déjà, avait fait ce calcul. C'était en Allemagne, au XIXème
siècle...
Il y aura ainsi d'un côté les fourmis,
des gens qui auront travaillé dur et mourront d'épuisement
avant d'avoir eu le souci de calculer leur pension ; et de l'autre
côté, les cigales, les paresseux, des gens que leurs
gênes ont conduit d'entreprises délocalisées
en entreprises délocalisées et qui, à 70
ans, auront droit à une retraite réduite au minimum
vieillesse.
Sur le long terme, le
problème des retraites est donc résolu,
mais il ne faut pas le dire.
Mais M. Sarkozy n'est pas cohérent lorsqu'il se réclame de Guy
Moquet (un jeune communiste fusillé par les Nazis), d'Emile Zola, de
Jean Jaurès ou de Léon Blum dont le nom reste associé au
Front populaire, à la loi des 40 heures et aux premiers congés
payés. Puisque courageusement il s'affirme de droite, pourquoi ne se
contente-t-il pas d'évoquer les grands ancêtres de la droite .
Il n'a pourtant que l'embarras du choix et je veux bien lui suggérer
quelques noms : Louis-Napoléon Bonaparte, le général Boulanger,
Thiers tombeur de la Commune de Paris, Pierre Laval qui perdit sa place en
1936, face à Léon Blum et au Front Populaire, mais qui sut si
bien prendre sa revanche dans la France de Vichy…
M. Sarkozy est mal conseillé lorsqu'il
se réclame de Victor Hugo. Quand on est l'élu des
beaux quartiers, il vaut mieux connaître ses classiques.
Victor Hugo disait "C'est de l'enfer des pauvres qu'est
fait le paradis des riches".