Mon projet global (1)
De la violence, les arbres et
la forêt
Il
existe des travaux importants sur la criminalité, sur
le suicide, sur la prostitution, sur l'alcoolisme et les
autres formes de toxicomanie, sur la maladie mentale, sur le
ra-cisme
et l'intolérance, sur le fascisme et le stalinisme,
sur les maltraitances - sexuelles ou non - dont des millions
d'enfants
sont victimes à travers le monde, etc. L'étude
approfondie de chacun de ces arbres ne doit pas nous faire
perdre de vue la forêt qui les rassemble en un tissu
continu dans l'espace et le temps. Dans cette forêt
de la violence, on voit alterner les broussailles et les
hautes futaies, les
essences rares et les espèces les plus communes, les
zones d'épineux et les mousses sournoisement vénéneuses.
Mon souci fut de montrer l'unité sous
la diversité mais
aussi le lien causal entre l'insignifiance de micro-violences
indéfiniment répétées et le
choc d'un suicide ou la monstruosité d'un meurtre
particulièrement
choquant. Je ne me suis référé ni à une
pulsion de mort qui serait en tout être humain comme
une fatalité, ni à un péché originel
que tout le troupeau devrait continuer à expier de
génération
en géné-ration, depuis un million d'années.
Constatant que certains
(mais pas tous !) mobilisent une énergie
plus ou moins intense pour détruire leurs semblables
et se détruire, j'ai eu l'ambition de mettre en
relief quelques mécanismes qui contribuent à la
naissance de cette destructivité chez de nombreux
individus dans la quasi-totalité des
sociétés humaines (2).
Igor Reitzman
(1) Première
page de mon essai, Longuement subir puis détruire:- De
la violance des dominants aux violences des dominés (Éd.
Dissonances, 2002)
(2) Entre quasi-totalité et totalité, il
y a une différence essentielle puisqu'elle récuse
une seconde fois tout dogme d'un besoin inné, d'un instinct,
d'une pulsion qui appartiendrait à une prétendue
nature humaine (Cf. Lucien Malson, Les enfants sauvages
: mythe et réalité, suivi de Jean Itard, Mémoire
et rapport sur Victor de l'Aveyron, Paris : 10/18, 2003, 246
p.)