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Dissonances et théologie


    Les textes sacrés ne résistent pas toujours très bien quand disparaissent les civilisations qui les ont produits. Oser affirmer que la nuit succède au jour parce que la Terre tourne sur elle-même en 24 heures, met en dissonance celui qui prend au sérieux l'affirmation biblique selon laquelle JOSUE arrêta le Soleil pour prolonger le jour. Le Pape au XVIème siècle, réduit la dissonance en emprisonnant GALILEE et en le contraignant à se dédire. En cette fin de XXème siècle, étant donné notre sensibilisation aux génocides, ce qui fait problème, c'est plutôt l'objectif de JOSUE : S'il obtint - avec le secours de YAHVE - de retarder "d'un jour entier" la tombée de la nuit, c'était pour que les HEBREUX victorieux puissent achever le massacre de leurs ennemis. Ce qui fait problème pour ceux qui ne sont pas dans la soumission, c'est cette propension à massacrer attribuée par la Bible à la Divinité : La poétique arche de NOE ne peut nous faire oublier ce DELUGE qui aurait été en somme le premier génocide dans l'histoire des humains. Comment ne pas sentir une lourde dissonance face à ce DIEU sanguinaire et vindicatif dont les courtisans ne cessent depuis 2000 ans, de vanter l'infinie bonté et l'infinie miséricorde.

    Le rôle des théologiens à chaque époque, consiste à réactualiser les dogmes de façon à les rendre comestibles pour les hommes de leur époque. C'est ainsi qu' après l'horreur massive d'AUCHWITZ, des théologiens ressentent le besoin de repenser les attributs de DIEU. L'un d'entre eux (Hans Jonas, Le concept de Dieu après Auschwitz) est arrivé à la conclusion qu'on ne pouvait plus désormais croire en un Dieu qui serait à la fois tout puissant, infiniment bon et intelligible pour les humains. Bien entendu, ce qu'il choisit de sacrifier des trois caractéristiques, c'est la toute puissance. En d'autres termes, étant donné la sensibilité de notre époque et la personnalité de ce théologien, c'est pour lui la voie la plus économique pour réduire la dissonance. Un TORQUEMADA, grand inquisiteur devant l'Eternel, avait très spectaculairement réduit la dissonance en choisissant l'hypothèse opposée. En d'autres termes, il devait être convaincu que le fumet des bûchers, les cris des suppliciés constituaient pour le TOUT-PUISSANT, une offrande agréable qui placerait en bonne position pour l'au-delà, l'inquisiteur et ses pieux bourreaux. Certes, ce n'est qu'une hypothèse. L'hypothèse alternative serait que TORQUEMADA en son siècle, ne croyait pas plus en DIEU que TALLEYRAND évêque d'AUTUN trois siècles plus tard. Mais les inquisiteurs ne peuvent torturer et brûler que si dans la population, cette image de la divinité n'est pas scandaleuse, c'est-à-dire pas trop dissonante. La chose après tout n'est pas tellement surprenante : Les rois de l'époque sont tout ce qu'on voudra sauf infiniment bons et miséricordieux. Et DIEU en somme, c'était le roi des rois…

  

Igor Reitzman  

 

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